MANIFESTE DU DATAISME
A vos claviers camarades !
A vos stylos optiques !
Nous rentrerons dans les écrans quand les ogives auront commencé à se fissurer !
Répétons : nous assistons bien à une révolution technologique, une vraie mutation formelle et spirituelle qui fait date depuis la découverte de la perspective outre la parenthèse impressionniste de la fin du XX°siècle (dont l'importance avait déjà échappé aux instances officielles de l'époque).
Nous ne faisons que poursuivre notre rêve de gosse. Entrer dans l'image et ne plus en sortir.
Je vous salue Mary Poppins !
Alors...
Que cesse la supercherie des artistes du XXème siècle montés en épingle par quelques porteurs de plumes meneurs de revues en même temps que nous clamons notre existence au vieux système des Beaux Arts! Regardez-le, le misérable se contorsionne encore de quelques spasmes conceptuels agité de vieux tics qui ne sont que de la poudre au nez !
Au diable ceux qui ne se sont pas remis de Duchamp ou de Picasso !
Cessez de nous gaver avec vos piteuses rengaines :
"L'art c'est la vie mon vieux Marcel !"
"Je ne cherche pas je trouve, mon cher Pablo".
Et comme d'habitude bien sûr, car il s'agit bien là d'une tradition psychorigide, les marchands, les collectionneurs, les musées, les officiels des ministères n'ont pas senti le coup venir. Et c'est ainsi qu'ils continuent à masquer piteusement des pans entiers de la création contemporaine par le truchement d'expositions minables où voisinent tant bien que mal des pots de chambre bouffés par des eaux sales, quelques amas de brindilles surmontés de néons américains, une accumulation de cors de chasse déclinant je ne sais trop quel message critique sur la société bourgeoise et un pot de peinture-ture mal séchée pour le plaisir de la référence et le goût de la citation.
La libération de tout.
La libération de l'argent : on ne prête qu'aux riches ! Yuppies !
La libération sexuelle : le sexe est libéré de l'amour. Vive le plaisir organique !
X-men, X-files, films-X, nés sous X.
La libération de la femme : l'épouse quitte le mari et s’engage dans la police :
"J'avais les boules" déclare-t-elle accoudée au zinc en sirotant une bière. La libération de l'homme : il arrête de fumer, descend s'acheter des m&m et ne revient jamais.
Eso es amor. SOS amor. Amour sous vide of course.
Alors l'univers cathodique des écrans nous invite à explorer des espaces vierges où la trajectoire de l'œil n'a pas de limite, où les mouvements de caméra s'en vont filmer l'infiniment petit, où la matière des choses jusque là inconnue de nous, confère à notre sens du toucher une nouvelle sensitivité. D’innombrables sources de lumière donnent soudain à chaque objet sa dimension spectaculaire. Tout comme nos ancêtres futuristes furent fascinés par les locomotives, nous ne craignons pas de l'être par les écrans. Cette fascination n'ayant d'égal que notre dégoût des sociétés urbaines. Les enfants l'ont compris, ils maîtrisent déjà la machine et se connectent avec la piste aux étoiles des jeux vidéos ou du Net.
On se console comme on peut du monde réel, n’est-ce pas ?
Introversion artificielle. Voici venue la race universelle des hommes Tron, film culte de la génération numérique. "Ciel, mon logis ! " s'exclama le marmot.
Ripley aide nous à combattre le monstre organique qui sommeille en nous !
Terminator, que l'humour soit avec toi comme avec notre clone !
Max Headroom, venge nous des speakerines!
Lumières abyssales, évitez nous le cauchemar d'un implant mémoriel qui causerait notre perte de contrôle !
Ensemble, plaignons le cinéma réaliste !
E.T, my dear, come back and take me with you!
Et la machine répondit dans la langue de Pascal :
"Mets ton disk dans mon drive, chéri, et fais-moi l'amour sans risque ...."
Paris, FIN du XX• siècle.
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